Voici venir le mois d'avril,
Ne te découvre pas d'un fil.
Écoute chanter le coucou !
Voici venir le mois de juin,
C'est du bon temps pour les Bédouins,
J'écoute chanter le coucou.
Voici venir la Saint-Martin,
Adieu misère, adieu chagrin,
Je n'écoute plus le coucou.
MARS
Mars, le mois des fous,
Qui s'amuse et bafoue
Les lois, même de la nature.
Un jour l'hiver perdure
Un autre, l'été semble être là.
Mars, long mois plein de falbalas
Où, la nature, enfin, s'éveille
Après de longs mois de veille.
Les animaux sortent de leur torpeur
Au milieu de ces jours trompeurs,
Dans un environnement prometteur.
Mais, rien n'arrête ce vilain rouspéteur,
Qui n'en fait qu'à sa tête,
Et, comme une vedette,
Annonce le retour du Printemps,
Dans une orgie de coloris, promettant,
L'éclosion de la vie insolente
Telle une immense vague déferlante.
Que j’aime le premier frisson d’hiver ! Le chaume,
Sous le pied du chasseur, refusant de ployer !
Quand vient la pie aux champs que le foin vert embaume,
Au fond du vieux château s’éveille le foyer ;
C’est le temps de la ville. – Oh ! Lorsque l’an dernier,
J’y revins, que je vis ce bon Louvre et son dôme,
Paris et sa fumée, et tout ce beau royaume
(J’entends encore au vent les postillons crier),
Que j’aimais ce temps gris, ces passants et la Seine
Sous ses mille falote assise en souveraine !
J’allais revoir l’hiver. – Et toi, ma vie, et toi !
Oh ! Dans tes longs regards j’allais tremper mon âme
Je saluais tes murs. – Car, qui m’eût dit, madame,
Que votre cœur sitôt avait changé pour moi ?
Alfred de Musset
Voici que la saison décline
Victor Hugo
Voici que la saison décline,
L’ombre grandit, l’azur décroît,
Le vent fraîchit sur la colline,
L’oiseau frissonne, l’herbe a froid.
Août contre septembre lutte ;
L’océan n’a plus d’alcyon ;
Chaque jour perd une minute,
Chaque aurore pleure un rayon.
La mouche, comme prise au piège,
Est immobile à mon plafond ;
Et comme un blanc flocon de neige,
Petit à petit, l’été fond.
Victor Hugo, Dernière gerbe
HAÏKUS LAVANDE
Un grand vent de fleurs
Caresse la plaine bleue :
Fragrance lavande
Jolis papillons
Empruntent à la lavande
Ses reflets d’azur
De mauve et de bleu,
Un océan de lavande
Ondoie au soleil
Liliane Codant
JUILLET
Il vient d'arriver, ce fichu mois de juillet
Avec son cortège de journées ensoleillées
Et, de longues soirées, où la chaleur
Omniprésente, nous donne des envies d'ailleurs.
Le moindre souffle d'air, amène le bien être,
Et, pour l'emprisonner, on croise fenêtres
Et volets, vivant dans la douce pénombre
Juste, égayée des rais de lumière et d'ombres
Que créent les persiennes ajourées.
Et si certains, arrivent à aimer et savourer
Ces longues heures qui s'étirent, surchauffées
Je préfère de loin l'automne ébouriffé
Avec ses nuits fraîches et ses coups de vents
Laissant la plage et la chaleur aux estivants.
Dominique Sagne
Été
Et l’enfant répondit, pâmée Sous la fourmillante caresse De sa pantelante maîtresse : « Je me meurs, ô ma bien-aimée !
« Je me meurs : ta gorge enflammée Et lourde me soûle et m’oppresse ; Ta forte chair d’où sort l’ivresse Est étrangement parfumée ;
« Elle a, ta chair, le charme sombre Des maturités estivales, — Elle en a l’ambre, elle en a l’ombre ;
« Ta voix tonne dans les rafales, Et ta chevelure sanglante Fuit brusquement dans la nuit lente. »